Si tout le monde est la famille, personne n'est véritablement la famille.
Principe 4 : Définir ses frontières pour construire des ponts.
Hello la tribu !
J’espère que vous allez bien.
Je suis très heureux de vous retrouver sur ce format pour vous partager le 4° principe de (Re)Faire Tribu. Je vous avoue que j’ai beaucoup hésité à le sortir dans ce contexte politique ambiant par peur qu’il soit mal compris et/ou mal utilisé. Néanmoins, je reste persuadé de son importance à l’heure où nous devons plus que jamais retrouver une certaine unité malgré nos oppositions politiques. Ce principe, le voici : une communauté doit définir ses frontières (pour y construire des ponts).
Pour vous en convaincre, je vous propose mon traditionnel cocktail composé avec :
📄 Un principe : Définir des frontières pour construire des ponts.
🤿 Une immersion au sein de l’Alma Forest School.
🔎 Un outil : Définir son membre idéal
À siroter en profitant du retour du soleil.🍹
Bonne lecture !
⌚ Temps de lecture : 9 minutes
REFAIRE TRIBU
Pour celles et ceux qui nous ont rejoints, je m’appelle Hugo et je suis un explorateur des communautés.
En 2023, je me suis immergé dans une dizaine de communautés en Europe pour explorer l’art de faire communauté : école dans la forêt, monastère, peuple autochtone, réseau de jeunes engagés, …
De ces immersions, j’ai analysé 10 principes essentiels pour animer un collectif. Ces principes sont les conseils que j’aurais aimé avoir avant de devenir responsable de communauté.
Vous pouvez retrouver les précédentes éditions ici :
Et pour ne pas louper les prochaines, vous pouvez vous abonner :
📃 PRINCIPE 4 : DÉFINIR SES FRONTIÈRES POUR CONSTRUIRE DES PONTS.
S’il y a bien une certitude qui s’est effondrée pour moi durant cette exploration, c’est bien celle-ci : “Une communauté doit toujours être ouverte pour y accueillir une diversité de membres”.
Au travers de mes dizaines d’immersions, pas une seule fois, cette conviction s’est révélée vraie.
Au contraire, j’y observais son exact opposé. C’est justement en définissant des frontières qu’on accède à une forme de diversité.
Que ce soit à l’Alma Forest School, chez les scouts, au Refuge Solidaire ou dans toutes les autres communautés, une frontière (physique ou symbolique) qui délimitait l’intérieur de l’extérieur venait nourrir un sentiment d’appartenance essentiel.
Ce fameux “j’en fais partie”.
👉 Mais selon moi, cette membrane permet surtout d’atteindre 2 objectifs vitaux pour un collectif :
Rassembler les personnes qui pourront pleinement s’émanciper dans votre communauté.
Délimiter les espaces de coopération avec les autres collectifs.
Je vous raconte pourquoi … 👇
👨👩👧👦 Si tout le monde est la famille, personne n’est véritablement la famille.
Un 1° élément essentiel à savoir : chaque membre à ses propres besoins.
Que ce soit du lien, de l’impact ou encore de la connaissance, lorsque vous animez un collectif, votre rôle est de:
✅ vous assurer que l’espace que vous proposez puisse y répondre,
➡️ rediriger la personne vers un autre collectif si ce n’est pas le cas.
Car oui, je sais que c’est dur à accepter, mais votre communauté ne peut pas répondre à tous ces différents besoins. 🤷
Par conséquent, comme vous ne pouvez pas accepter tout le monde, vous nourrissez une forme d’exclusivité. Une exclusivité en réalité essentielle pour créer un sentiment d’appartenance.
Car, comme le dit Barack Obama, “Si tout le monde est la famille, personne n’est véritablement la famille.”
Dans cette famille exclusive, à vous ensuite de définir les critères qui permettront de rassembler une certaine diversité.
Une diversité qui nourrira pleinement votre collectif. C’est ce que montre en tout cas cette étude de Cedric Herring de l'Université de Chicago qui, après avoir analysé plus de 500 entreprises, a établi une corrélation directe entre la diversité d'origine et la mixité de leurs équipes sur leurs résultats.
Mais la diversité dans une communauté est souvent complexe à gérer. Alors, j’aimerais vous partager 2 de mes apprentissages récoltés durant mon exploration :
Une diversité se nourrit de ce qui est commun : Connaître ce qui nous rassemble permet ensuite d’affirmer sainement ce qui nous différencie. On ne passe jamais trop de temps à cultiver le commun qui relie nos membres.
Qui se ressemble s’assemble : la plupart des personnes qui rejoindront votre communauté seront à votre image. Alors, si vous souhaitez rassembler une diversité de membres, cette diversité doit également se retrouver au sein de l’équipe fondatrice.
🤝 Le NOUS se construit AUTOUR d’un EUX.
Mais attention, j’ai un ÉNORME point de vigilance lorsque l’on parle de frontières.
🚨 Il ne faut pas confondre : se distinguer et s’isoler. 🚨
Votre communauté est unique. Elle a sa propre culture, sa propre mission. Et il est donc essentiel de cultiver ses spécificités. C’est tout simplement la raison pour laquelle vos membres ont décidé de vous rejoindre VOUS et pas un autre.
Néanmoins, je vous invite à ne pas construire votre identité en opposition aux autres communautés. Car celles qui se perpétuent dans le temps sont les communautés qui proposent quelque chose de nouveau. Pas celles qui s’en opposent.
Entre les différentes communautés, vous pouvez également œuvrer pour cette diversité en nourrissant ce que vous avez en commun et créez des ponts lorsque cela est possible.
De plus en plus de collectifs nous montrent l’exemple :
L’Université du Nous (que je vous recommande chaudement) a collaboré avec la Conférence des Évêques de France sur la transformation écologique de l’Eglise.
Makesense a mené un consortium avec Article 1, Bondy Blog, Banlieues Climat et AFEV pour développer les emplois verts dans les quartiers.
Une vente aux enchères caritatives a été porté conjointement par Tinder et le Sidaction (le tout animé par des Draqueens).
De quoi nous inspirer à sortir de notre bulle ! 😉
Et si vous n’y croyez toujours pas, dites vous qu’en 2004, c’est un des featurings les plus improbables entre Calogero (star de la pop française) et Passi (étoile montante du rap) qui a donné naissance à l’un des plus grands hits français des années 2000.
Juste pour kiff, je vous remets le clip de “Face à la mer”
🔍 L’OUTIL : DÉFINIR SES MEMBRES IDÉAUX
Bon maintenant, passons dans le concret !
👉 Comment définir la membrane de sa communauté ?
Bonne question mon cher Watson ! 🕵️
En réalité, j’ai rencontré de nombreuses manières de la mettre en place :
Des critères de sélection (âge, origine géographique, secteur d’activités, temps d’engagement à allouer à la communauté, …)
Des processus d’accueil pour vérifier la compatibilité de la communauté avec les besoins du membre.
Des systèmes de cooptation où les personnes doivent être parrainées par des membres existant pour y entrer.
Mais selon moi, l’enjeu réside avant tout dans votre capacité à connaître QUI sont les personnes que vous souhaitez rassembler.
C’est la meilleure manière pour définir ensuite comment vous souhaitez les rassembler.
Pour cela, je vous invite à définir vos membres idéaux.
Un conseil : concentrez vous uniquement sur 2 ou 3 personas.
Plus vous serez précis, plus vous serez en capacité de nourrir les objectifs de votre communauté tout en répondant aux besoins de vos membres. (Comme nous l’avons vu dans le principe 3).
Par exemple, vous pouvez vous demander :
Qui est ce membre ? (son âge, sa situation sociale, géographique, etc…)
Quels sont ses objectifs et ses défis ? Et qu’est-ce qui l’empêche de les atteindre ?
Quels sont ses besoins et ses aspirations ?
Quel est son comportement en ligne et hors ligne ? (mode d’information, outils utilisés, …)
(Vous pouvez aussi utiliser la méthode des personas issue du Design Thinking.)
En fonction, de ces réponses, vous pourrez alors créer un espace qui leur correspond ainsi que le processus qui les y mènera.
🤿 L’IMMERSION DANS L’ALMA FOREST SCHOOL
Au cours de ma quête des communautés, j'ai eu la chance de découvrir sur mon chemin : l’Alma Forest School (ou Alma pour les intimes). Située au sud de l’Espagne, cette école est, comme son nom l'indique, une Forest School (ou école dans la nature en français). Bien plus qu’une école, elle se définit elle-même comme une tribu apprenante. À ses côtés, j’ai compris qu’il était nécessaire d’établir certaines barrières à l’entrée afin de protéger sa communauté.
Voici mes 3 apprentissages :
1️⃣ DÉFINIR UN ESPACE
Bien que leurs locaux se trouvaient dans un lieu assez sauvage, les éducatrices de l’Alma Forest School ont pris soin de délimiter précisément les frontières physiques de l’école. Un espace uniquement réservé aux membres de cette tribu apprenante (les parents devant rester à l’extérieur de l’espace lorsqu’ils déposaient leurs enfants), afin de délimiter l’intérieur et l’extérieur de la communauté. Un moyen précieux pour offrir un espace de sécurité et de confiance aux membres d’un collectif.
NB : Cette notion d’exclusivité est tout aussi pertinente pour des communautés numériques avec des accès privilégiés à certains espaces en fonction de son appartenance à la communauté.
2️⃣ CONTENIR L’ESPACE
Un espace limité ne peut contenir des personnes en nombre illimité. Il est donc important de pouvoir contenir le nombre de ses membres en fonction de ses ressources. C’est pour cette raison que l’école a décidé de limiter son nombre d’élèves à 150. En se reposant sur le célèbre chiffre du mathématicien Dunbar, elle estime qu’au-delà de ce nombre chaque enfant ne pourrait pas entretenir une relation humaine nourrissante avec chaque autre enfant. Ce qui remettrait donc en cause les fondements de leur pédagogie basée sur ces relations authentiques entre pairs.
NB : Encore une fois, cette notion d’espace est également présente pour des communautés numériques dont la croissance peut être extrêmement rapide. L’enjeu est alors d’offrir les bons espaces et outils digitaux permettant de nourrir les relations entre vos membres. Les interactions n’étant pas les mêmes dans un groupe What’s App lorsqu’il y a 50 ou 300 personnes.
3️⃣ MAITRISER LES ENTRÉES ET LES SORTIES
Chaque entrée ou sortie dans votre communauté vient rompre son équilibre. Elles entraînent toujours une phase d’adaptation où le collectif prend le temps d’intégrer un nouveau membre ou de retrouver une nouvelle harmonie sans lui. C’est ce qu’on appelle l’homéostasie en physiologie. C’est pourquoi l’école a mis en place une semaine d’intégration pour les élèves qui souhaitaient y entrer au cours de l’année. Cette semaine est pour eux un moyen de voir si l’école convient à l’enfant et de s’assurer que l’équipe pédagogique a les ressources nécessaires pour s’occuper de lui. C’est surtout un processus qui permet à la communauté d’intégrer en douceur un nouveau membre tout en veillant à l’harmonie collective.
👋 DANS LES COULISSES DE REFAIRE TRIBU
Quelques nouvelles de mon quotidien d’exploration …
La rédaction du livre avance ! Je me suis notamment offert une petite retraite d’écriture en Normandie avec mes 2 partners in crime Matthieu et Claire. Ces 3 jours m’ont fait un bien fou en me donnant un nouvel élan dans l’écriture.
Du côté des interventions, le rythme s’est intensifié entre mai et juin. Je prends toujours autant de plaisir à découvrir la diversité des cultures du Faire Ensemble en fonction des structures. Je vous prépare d’ailleurs une petite surprise à ce sujet. D’ici là, vous pouvez organiser une intervention sur ce lien.
Et sur ma route, j’ai aussi la chance de croiser toujours autant de personnes qui m’inspirent et me font grandir. Celles qui m’ouvrent d’autres fenêtres vers le monde. Parmi celles-ci, j’ai récemment rencontré Clara Delétraz qui lance sa newsletter ENSEMBLE(S) pour créer du commun dans une société fragmentée. Je ne peux que vous conseiller de suivre son enquête terrain qu’elle nous partage chaque semaine.
Je vous remercie de m’avoir lu ! 🙏
Je suis très preneur de vos retours par mail ou en commentaire du post.
Et puis, si le cœur vous en dit, vous pouvez partager cette newsletter autour de vous. Cela me serait d’un incroyable soutien.
On se retrouve dans un mois pour le 5°principe : “Soigner l’accueil”.
D’ici là, prenez soin de vous ! 😉
Hugo