Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde
Principe 2 : Incarner sa vision du monde.
Coucou la Tribu !
J’espère que vous allez bien.
On se retrouve dans cette deuxième édition de Refaire Tribu pour explorer un nouveau principe pour animer sa communauté.
Quel bonheur de vous retrouver dans ce format qui me tient tant à cœur.
Le mois dernier, nous avons vu l’importance de rassembler ses membres autour d’une vision.
Aujourd’hui, on passe à l’étape d’après et on se demande : “Quel est le meilleur moyen de la faire advenir ?”
Un indice : ça commence par “Cul” et ça finit par “Ture” 🙈
Allez, on y va ?
REFAIRE TRIBU
Pour celles et ceux qui nous ont rejoints, je m’appelle Hugo et je suis un explorateur des communautés.
En 2023, je me suis immergé dans une dizaine de communautés en Europe pour explorer l’art de faire communauté : école dans la forêt, monastère, peuple autochtone, réseau de jeunes engagés, …
De ces immersions, j’ai analysé 10 principes essentiels pour animer un collectif.
Ces principes sont les conseils que j’aurais aimé avoir avant de devenir responsable de communauté.
Chaque mois, je vous partage l’un de ces principes illustrés par des exemples concrets et des outils pour les mettre en place.
Pour ne pas louper les prochains, vous pouvez vous abonner :
📃 2° PRINCIPE : INCARNER SA VISION DU MONDE
La meilleure manière de faire advenir votre vision du monde est de l’incarner.
Ce que disait Gandhi pour les individus est tout aussi vrai à l’échelle d’une communauté :
“Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde”.
Au travers de votre communauté, c’est tout un monde que vous pouvez créer, tout un art de vivre que vous pouvez transmettre.
Pour autant, cette dimension est parfois mise au second plan afin de prioriser l’action, les sacro-saints projets de la communauté.
C’est pour moi une grande erreur.
Et cela, pour une unique raison : les transformations les plus profondes que vous provoquerez sont rarement celles que vos projets influenceront, mais plutôt celles qui émergeront au travers de la culture de votre communauté.
Cette culture qui transformera profondément vos membres et inspirera les autres à tendre vers votre vision du monde.
Bien sûr, les projets sont clés pour faire avancer un collectif, mais cultiver sa propre culture l’est tout autant.
Voici pour moi 4 étapes qui peuvent vous guider vers ce chemin. J’y ai ajouté quelques exercices pratiques pour l’appliquer au sein de votre communauté.
#1 - Définir ses valeurs
La culture d’un collectif repose avant tout sur des valeurs communes. C’est ce qui définit l’âme de votre communauté.
Pour être plus précis, les valeurs sont les systèmes de croyances qui viendront expliciter les normes et attitudes à promouvoir par vos membres. Elles déterminent la manière dont les gens se comportent et se connectent.
Définir ses valeurs est une étape essentielle dans l’histoire d’un collectif. Elles deviendront les piliers de votre culture. Ne la négligez pas.
👉 Exercice pratique : Comment définir ses valeurs à l’échelle d’un collectif ?
Voici un processus inspiré de la méthodologie LikeMinds :
Listez les valeurs de votre communauté (n’hésitez pas à solliciter vos membres pour cela).
Classez ces valeurs par ordre d’importance (vous pouvez en garder entre 3 et 5).
Définissez les termes de chacune de ces valeurs (soyez le plus explicite possible en donnant des exemples concrets).
#2 - Diffuser ses valeurs dans toutes les dimensions de sa communauté
Les valeurs ne sont que des mots si elles ne sont pas incarnées. Pour s’y rattacher, nous avons besoin d’éléments tangibles (littéralement : que nous pouvons toucher). Cela peut-être des histoires, des symboles ou des expériences communes.
Je ne pense pas que les valeurs soient faites pour rester collées en haut d’un mur. L’enjeu pour une communauté est donc de les diffuser dans toutes ses dimensions : du processus d’intégration à ses moyens de communication en passant par ses lieux de rassemblement.
La communauté Chilowé en est un bel exemple. Lors du processus d’intégration, elle demande à ses membres de choisir un nom d’animal. On y retrouve alors Toucan Loufoque, Anguille Nomade ou Marmotte Gourmande. Ces noms totem sont un moyen fun et incarné de rattacher ses membres à leurs valeurs d’inspiration et de protection du vivant.
👉 Exercice pratique
Pour chacune des dimensions de votre communauté, vous pouvez-vous demander : “Est-ce que la manière dont je réalise cette action est alignée avec ma vision du monde ?”
#3 - Créer sa propre culture
L’identité d’une communauté ne repose pas uniquement sur des valeurs. C’est toute une culture qu’il faut créer, un ensemble de traits distinctifs qui vont donner de la teneur à vos valeurs.
Pour cela, inspirons-nous de l’une des communautés les plus influentes de notre époque. Une communauté si importante qu’elle semble aujourd’hui être déterminante pour les élections américaines.
J’ai nommé : les Swifties (aka. les fans de Taylor Swift).
Cette communauté de centaine de milliers de fans a aujourd’hui une culture à part entière. Au fil du temps, ils ont développé un ensemble de codes extrêmement puissants que l’on retrouve dans de nombreuses cultures :
Un vocabulaire particulier avec des surnoms dédiés pour la chanteuse ("Blondie" ou "T-Swizzle" pour les plus connus).
Un hymne avec certaines de ces musiques devenues des emblèmes de revendication de certaines valeurs. Par exemple “You need to calm Down” pour la cause LGBTQIA+.
Des symboles avec les célèbres “friendship bracelets” (des bracelets de couleurs que porte chaque Swifties digne de ce nom).
Des rituels codifiés comme le moment des échanges des “friendship bracelets” entre les fans durant ses concerts.
Et bien sûr, des histoires. La force de Taylor Swift réside dans sa capacité à partager son quotidien de manière authentique et, surtout, de le faire sur une diversité de canaux possibles : réseaux sociaux, livres, podcasts, documentaires,…
👉 Exercice pratique
Dans un collectif, ces éléments apparaissent souvent de manière assez naturelle au fil du temps. Ces choses là ne se forcent pas !
En tant que responsable de communauté, demandez-vous comment vous pourriez créer les conditions favorables à leur apparition ? (documenter les histoires de votre communauté et de ses membres, transformer les musiques populaires dans votre groupe en des hymnes iconiques, créer des rituels, etc….)
#4 - Développer un sentiment d’appartenance
Si vos membres se rassemblent autour de la vision et de la mission de votre communauté (j’en parle dans le 1° principe), ils y restent pour l’aventure collective que vous leur ferez vivre.
Prenez l’exemple des Adidas Runners. Vous savez, ces gens musclés qui courent très vite avec de la musique à fond sur les quais de la Seine ?
Au début, ces personnes rejoignent la communauté pour courir.
Pour autant, s’ils y restent dans le temps, c’est pour l’ambiance qu’ils y trouvent, les rencontres qu’ils font et le sentiment d’entraide qui nait entre les coureurs. Comme le partage Nabila Sam sur le site de la communauté : “Courir ensemble crée un sentiment d’humanité, de communauté et de convivialité”.
On dépasse donc bien la simple mission de la communauté.
Ce qui maintient les personnes dans un collectif, c’est la glu sociale qui rassemble vos membres. Une glu qui se nourrit de votre culture, et dont votre culture se nourrit.
Se crée alors un cercle vertueux : plus les personnes se sentent appartenir à votre communauté, plus votre culture s’enrichit. Et plus votre culture s’enrichit, plus les personnes se sentent appartenir à votre communauté.
Toutes les méthodes pour créer une culture sont donc utiles, mais rien ne remplacera jamais le temps passé ensemble et les liens créés entre vos membres.
La dimension la plus importante est donc peut-être aussi la plus simple : rassemblez vos membres de la manière qui vous ressemble. Après tout, ce sont eux qui font vivre votre culture et ceux sont eux qui la feront évoluer. Sans le savoir, vous créerez des liens authentiques qui incarneront vos valeurs.
👉 Exercice pratique
Demandez-vous : “Comment faire de vos lieux et de vos temps de rassemblements des espaces où vous incarnez vos valeurs ? “
🧘 VIPASSANA - LA PUISSANCE DES RITES INITIATIQUES
Lorsque l’on évoque la culture d’une communauté, il y a pour moi une question essentielle qui se pose : “Comment transmettre toutes les dimensions de sa culture de manière authentique à ses nouveaux membres ?”.
Afin d’y répondre, je pense que nous pouvons nous inspirer d’une méthode ancestrale : “Les rites initiatiques”.
Au premier abord, ce mot peut faire peur. Alors laissez-moi vous emmener dans une expérience à part entière pour intégrer l’une des plus grandes communautés de méditation dans le monde : Vipassana.
Vipassana est une des plus anciennes techniques de méditation. Originaire de l'Inde, elle a su traverser les siècles et les continents pour se répandre aujourd’hui dans le monde entier.
Sa transmission repose sur une communauté grandissante à laquelle on accède après avoir réalisé une retraite de 10 jours. 10 jours en silence total durant lesquels je me suis assis en tailleur de 4h30 à 21h afin d’apprendre cette “méthode de transformation de soi par l’observation de soi”.
Ce fut pour moi une expérience extrêmement transformante. Car cette retraite ne m’a pas simplement appris à méditer, c’est tout un art de vivre qu’elle m’a fait découvrir : régime végétalien, réveil matinal, noble silence, …
Et cela fait toute la différence.
Leur vision du monde n’est pas uniquement perceptible dans leur mission (enseigner la méthode de méditation), elle est présente à chaque instant de la retraite, dans chaque recoin de la communauté.
J’ai du par exemple m’engager à respecter un code de discipline très précis qui comporte notamment l’interdiction de tuer n’importe quel être vivant (même le moustique qui vous empêche de dormir la nuit).
Cet art de vivre, je l’ai vécu au plus profond de moi durant ces 10 jours, dans chacune des activités proposées.
C’est dans ce centre que j’ai compris qu’une culture ne se transmettait pas avec des mots, mais avec des actes.
C’est pourquoi les rites initiatiques, par leur dimension expérientielle, permettent de transmettre aux nouveaux membres de s’approprier toute l’ampleur et la profondeur de cette nouvelle culture.
Je pense que toutes les communautés peuvent s’inspirer de ce modèle afin de créer une expérience initiatrice au début du parcours du membre afin de :
- Transmettre leur culture de manière globale et profonde
- Partager un socle de connaissances commun
- Cultiver un sentiment d’appartenance
* Le récit que je donne ici de la retraite Vipassana est une analyse exclusivement analytique du fonctionnement collectif. Il ne prend en compte ni l’expérience intérieure, ni l’expérience spirituelle qui est au centre de cette démarche et que j’invite quiconque à vivre pleinement. J’espère que cette théorisation n’heurtera personne mais invitera plutôt à s’inspirer de ces mécanismes (conscientisés ou non) au sein de sa communauté.
🔥 AU COIN DU FEU
Afin de faire de cette newsletter un lieu de partage de savoir et d’expérience, je réponds chaque mois à l’une de vos questions en partageant des conseils et/ou des retours d’expériences provenant de notre communauté naissante.
La question de Manon :
“Une communauté peut-elle avancer sans leader ? “
Très bonne question ! C’est un sujet sur lequel je travaille beaucoup au sein des collectifs que j’explore.
Aujourd’hui, je dirais que non, une communauté ne peut pas avancer sans leader. Selon moi, un groupe, pour se rattacher à la vision et aux valeurs présentés dans les deux premiers principes, a besoin d’une personne qui incarne ces deux dimensions.
Ainsi, la personne qui va mener le groupe n’est pas forcément celle qui l’anime, c’est la personne qui incarne la vision et les valeurs autour desquelles les membres se sont rassemblés.
Pour creuser ce sujet, je vous invite à découvrir les principes sources. Je ressors d’une formation avec Peter Koenig, le fondateur de ces principes, qui m’a profondément transformé. (Merci Kako et Matthieu d’avoir rendu cela possible 🙏 ).
Vous pouvez continuer à m’envoyer vos questions et remarques pour la prochaine édition. 👇
👋 DANS LES COULISSES DE REFAIRE TRIBU
Mon mois d’avril fut intense entre mes activités de conférencier où je rencontre de nombreuses personnes inspirantes et les phases d’écriture où j’enclenche le mode “ermite”.
Je vous avoue que j’ai parfois du mal à m’adapter à ces 2 rythmes extrêmement différents.
Mais la bonne nouvelle, c’est que j’ai (enfin) un logement fixe à Paris ! 🙌🙌
J’ai rejoint la colloc d’ami.e.s aussi fun qu’intellectuellement stimulant. C’est une belle aventure collective qui commence.
Et sinon :
Je participe à la co-construction de la Rencontre des Sphères qui vise à rassembler des publics différents au travers de la musique. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 31 avril.
Il me reste quelques disponibilités à partir de mai pour des interventions sur l’art de faire communauté.
Je suis passé au micro de Manon Sala pour le podcast Nouvelle Conscience pour aborder la thématique du “soi écologique” au travers de mon exploration.
Merci de m’avoir lu jusqu’ici ! 🙏
Je suis très preneur de vos retours par mail ou en commentaire du post.
Et puis, si le cœur vous en dit, vous pouvez partager cette newsletter autour de vous. Cela me serait d’un incroyable soutien.
On se retrouve dans un mois pour le 3° principe : “Valoriser la communauté et ses membres”.
D’ici là, prenez soin de vous ! 😉
Hugo